J’habite Aubervilliers, dans un lycée qui voit devant son entrée un amas de jeunes, qui brûlent des poubelles, renversent des voitures et m’empêchent au moment ou j’écris d’aller chercher mon fils à l’école.
Ces jeunes, je les vois matin et soir,je les observe dans la cour et je vois leur violence. Elle monte depuis des semaines. Elle n’a pas été physique de suite, mais elle est verbale. Verbale et violente. Ils n’ont pas de limites, pas d’éducation, aucun respect.
Aujourd’hui, je suis rentrée chez moi accompagnée de 5 policiers et d’autant de boucliers avec cette question de leur part: “seront-ils hostiles contre vous?”
Je ne sais pas.
Voilà ma réponse: ils sont imprévisibles.
Pas plus tard que la semaine dernière, une jeune fille a beuglé, car il n’y a pas d’autres mots, contre mon fils qui courait sur le trottoir et qui a effleuré son pied: “Wesh,qu’est ce qu’il a lui?”. “5 ans, une innocence et une tolérance qui vous manque,Mademoiselle”. Elle m’a tutoyé, et insulté. J’ai tourné les yeux et suis partie.
Voilà ce qui se passe. Par peur, oui, par peur, on détourne le regard. Ils sont littéralement livrés à eux même dans ces villes et dès très jeunes. Il arrive que des enfants soient laissés seuls le matin devant l’école maternelle et que ce soit nous, d’autres parents, qui ne les connaissons pas, qui les emmènent dans leurs classes.
C’est une faute éducative de laisser ces enfants sans explications de l’actualité, de les laisser en proie à une propagande de leurs professeurs et des syndicats étudiants. Les parents sont autant responsables que leurs enfants des actes qui se passent ici.
Je suis en colère aujourd’hui car je ne peux pas circuler dans la rue, que je rentre chez moi accompagnée de policiers parce que sur Paris, la situation est grave, qu’elle laissera des séquelles et que c’est à nous, parents, de parfois sévir oui, un peu loin de la bienveillance à la mode, mais surtout d’accompagner et d’expliquer.
ça doit être flippant tout de même.
Moi, depuis mon appart’ en Autriche, je me désole. Je pleure pour cette France qui souffre et qui ne sais pas comment exprimer sa souffrance en dehors de la colère. Mais je suis loin et quand je sors dans la rue, quand je vais me coucher le soir, je n’ai pas peur.
Je compatis. Je compatis pour toutes celles et ceux qui souffrent et crachent leur colère comme du venin sans plus savoir où ni sur qui. Je compatis pour tous ces jeunes dont personne ne s’occupe vraiment (ou pas ceux qui le devraient) et qui, plein de haine et de souffrance, s’immiscent dans un combat qui n’est pas vraiment le leur (ça devrait être celui de leurs parents) sans en comprendre vraiment les tenant et les aboutissants, qui n’en comprenne que ce qu’on veut bien leur dire et qui y trouve un exutoire à une souffrance qui n’a souvent pas grand chose à voir.
et je compatis avec tous les gens comme toi qui se retrouvent piégés au milieu de tout ça sans pouvoir faire grand chose à part essayer de protéger les siens.
Je t’embrasse. je te souhaite de garder courage.
Je travaille au quotidien avec ce type de jeunes de quartier….Les codes ne sont pas les mêmes que les nôtres. Difficile de leur faire comprendre…
Mais en grandissant, ils évoluent et c’est ce qui compte…je revois d’anciens élèves qui me disent: “vous aviez raison M’dame”….
et là je me dis que les paroles que j’ai cru vaines il y a quelques années ont peut être eues leur effet…
Bon courage en tout cas…j’ai la chance de ne pas vivre dans le même quartier que ces jeunes ..