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Les répétitions sont terminées, je crois que ce soir, on joue la première, crevette et moi.

Il n’y a pas eu 3 coups de bâton mais bien plus que 3 coups dans le bidon donnant le top départ.  Les grandes eaux de Versailles ne m’ont pas fait d’ombre, je dégouline depuis tout à l’heure et Chérichou me regarde tantôt avec pitié, tantôt avec colère. Oui, avec colère, je pense qu’il se dit que je vais ruiner son siège, que quoi qu’il arrive il ne montera jamais plus dans la voiture sans y repenser. Puis, en un éclair, il change de regard, redevient bienveillant en s’en voulant d’avoir pu penser à mal.

Il est tôt, le jour se lève quand on entre enfin dans la maternité. La prochaine fois que je monterai dans la voiture, Isallys sera contre moi et je l’installerai d’un coup comme une pro dans la coque, puisque j’ai prévu de vérifier les mode d’emploi de tous les appareils juste après la pause de la péridurale.

Mon dossier sous le bras et Chérichou me tenant le coude, j’arrive avec ne démarche de canard devant l’accueil. A mon regard, elle a comprit que je ne blaguais pas et l’admission se fait rapidement.

Une fois installée sur le lit, j’ai la bougeotte. Je me tourne à droite puis à gauche sans être à l’aise. Il faut que je me lève, que je marche, que je m’enroule autour d’un truc. Tiens le gros ballon fera l’affaire. Chérichou ne sert à rien, il est hébété, ne sachant pas quoi faire de son propre corps. Je lui demande d’aller me chercher une bouteille d’eau, et cette mission a l’air de revêtir pour lui  la plus haute importance diplomatique. Il sort de la pièce comme s’il allait à Waterloo, déjà vainqueur contre les éléments.

Pendant ce temps, deux nanas viennent m’examiner, je suis à deux doigts de les soudoyer pour qu’elles demandent la péridurale.

“On peut vous examiner?

_ Oui, bien sûr, c’est journée portes ouvertes aujourd’hui

Elle sourit, pas convaincue, décidément, les blouses blanches manquent d’humour ici

_ Ma collègue est en formation, elle vous examine d’abord, puis je vérifie, cela ne vous dérange pas

Je ne refais pas la blague des portes ouvertes et acquiesce sagement.

3, pas encore effacé.

Je n’ai pas tout compris mais 3 c’est presque 4, et toutes mes copines m’ont dit que 4 c’était bien. 4 rime ici avec délivrance.

Oui oui mesdames, je patiente encore.

Je me remts debout, m’enroule le dos contre ce gros ballon. C’est à ce moment que Chérichou revient et que mon superbe mouvement plein de grâce est interrompu, il m’a surpris, le ballon aussi. Lui et moi nous séparons si vite que je m’écroule sur les fesses, avec l’impression que Crevette va sortir par ma gorge. Chérichou ne peut s’empêcher de rire et moi aussi, avant de me relever sans grâce aucune, cette chienne s’étant fait la malle.

Une blouseBlanche vient me poser un monito’, je suis connectée, une vrai Guikette. Plus d’acrobaties le cirque du Soleil devra patienter.

Au bout d’une heure et demi à souffri le martyr en même temps que le monito’ dessine un schéma du Mont Blanc, BouseBlanche revient m’examiner.

Chérichou fait semblant d’être absorbé par son portable. Tu parles, il joue à dégommer des bonbons…

En tous ca ça y est, elle vient de me dire qu’elle appelait l’anesthésie. Je l’aime déjà celui là!

J’ai quasiment enlevé la superbe blouse qu’ils m’ont donné, enroulé mon dos, respiré à fond et il a piqué. Une fois l’aiguille de compèt’ ressortie, j’ai quand même tortillé mes orteils entre eux pour voir si tout allait bien. C’est bon, je vais me détendre. Crevette, c’est quand tu veux, Maman est parée!

Plusieurs heures se sont écoulées avant qu’on nous donne le top départ. Me voilà sur la ligne. J’attends qu’on m’ordonne de pousser, je respire comme un bœuf qui vient de courir un 100 mètres. Première poussée, je ne suis pas à l’aise, je ne sens pas grand chose. Tout le monde regarde mon entre-jambe, je n’ai plus aucune dignité. Et si un léger pet venait entaché ce moment si important? Peut être qu’une des BlouseBlanche toussoterait pour me couvrir. Oui, elle le ferait surement.

Quelques poussées plus tard, je ne ressemble plus qu’à un amas rouge dont la respiration n’a plus rien d’humain.

Tout à coup, BlouseBlanche me dit de pousser, puis d’arrêter. Un bip, long, trop long se fait entendre. Je regarde Chérichou, qui est aussi blanc que je suis rouge. quelqu’un a dû sortir parce que toute une équipe arrive. Je ne sais pas ce qu’il se passe mais une femme vient appuyer tout son corps contre mon ventre. Ma respiration en est coupée.

Le bip est toujours audible, j’ai peur.

En un quart de seconde pourtant, mais qui me semble une vie entière, je vois un petit paquet entre les mains de Mathieu-Sage-Femme, qu’il pose délicatement sur mon ventre. Crevette est sonnée, d’une couleur virant au Schtroumpf, mais une main bouge. J’ai cessé de respiré. Je deviens maman, vraiment, au moment ou sa vie devient plus importante que la mienne, ou je pourrais mourir pour qu’elle puisse vivre.

Puis elle toussote, et on me l’emmène. Chérichou la suit instinctivement. On me dit que son arrivée l’a éprouvée, qu’ils vont la faire belle et la ramène vite.

Une BlouseBlanche sort une aiguille, mince, j’aurais une cicatrice. Il me faudra peut être une bouée pour m’asseoir. Tant pis, IsaCrevette va bien, elle est belle, elle est mienne.

Ecrit par Cécile: retrouvez toutes ses aventures: http://lemaledemere.fr/cat/primijoli

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