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Je ne supporte plus les gens. Le problème c’est les autres. Les autres dans le métro. Pas que dans le métro en fait. Chérichou me parle d’hormones, que je ne supporte plus rien. Il ne sait pas ce que c’est, lui, de se faire regarder comme une baleine échouée, comme quelqu’un de malade ou pire, d’être ignorée. Hier soir par exemple, je faisais 2-3 courses, j’avais une envie folle de risotto. Je suis arrivée en caisse. Une caisse mon prioritaire, j’avais le temps, une forme olympique, je n’étais pas pressée. La petite mamie devant moi regarde mon ventre, relève son regard derrière ses lunettes, laissant entrevoir quelques poils de menton disgracieux. Bref, elle me propose de passer devant elle.

Je mets dans la balance sa condition et la mienne, et préfère décliner (je sais, ma bonté me perdra). Alors qu’elle pose sur le tapis ses affaire, une femme, la quarantaine derrière m’alpague :

« – Faut aller à la caisse prioritaire madame, elle est là bas.

-C’est gentil mais tout va bien.

-Elle a l’air fermée, attendez, bougez pas. »

La voilà qui harponne notre pauvre caissière.

« -Il faut ouvrir la caisse prioritaire, la dame elle-est-enceiiiiiinte, ça se voit quand même ! »

Ok, c’est le moment pour moi de trouver un trou de souris pour m’y cacher ! Ah non mon bidon m’en empêchera. Elle est gonflé quand même celle là, je ne lui ai rien demandé. Je rougis, de honte pour la caissière et peu à peu de colère. Elle va la fermer oui, on avance plus à rien du coup !

« – Je vous ai dis madame que j’attendais mon tour, que je ne souhaitais passer devant personne ni qu’on  fasse ouvrir une caisse. Que n’avez-vous pas compris la dedans?

-Mais, mais, j’essaie de vous aider et c’est comme ça que vous me remercier ? C’est joli ça, pour une future maman ! Vraiment, je me demande quelle éducation vous aller lui donner, à c’t’enfant. »

La caissière a l’air encore plus gênée que moi, elle ne bouge plus. Elle doit essayer de faire comme ses animaux à qui l’instinct de survie souffle de faire le mort pour se faire oublier, l’encaissement de la petite mamie va être laborieux…

«Vous allez laisser cette dame payer ces courses, ravaler vos paroles et nous laisser, mon ventre et moi, tranquille. Pour qui vous prenez-vous ? »

Elle remballe dans la foulée son panier et change de caisse. Je m’excuse auprès de la caissière et de la vieille dame. La caissière, qui a repris des couleurs, me glisse qu’il est vrai que je devrais aller à la caisse prioritaire.

Comme dans les dessins animés de mon enfance, un corbeau passe au dessus de ma tête. Vite, que je sorte. La mamie doit être sourde, elle s’en va, l’air de rien. Mon tour, mes courses, non madame, pas de carte de fidélité (et puis quoi encore), paiement. Vite de l’air !

Je file vers le métro, encore chamboulé par cette caissière que j’essayais pourtant d’aider. Rien ne sert d’être gentil en fait.

La rame arrive, raisonnablement bondée. Mon regard se tourne automatiquement vers les places réservées toutes prises par des gens qui évitent soigneusement mon regard, soudain absorbées par un texto ou un détail sur le voisin d’en face.

Je soupire.

Chérichou dit que je ne sais pas ce que je veux, il ne comprend rien. Cette histoire de caisse m’avait tellement fatigué que je rêvais de m’assoir!

Je suis dans mon lit, Chérichou ronfle déjà. Je suis blasée de cette soirée. Noël, enceinte, c’est bien la dernière fois, la prochaine fois, on étudie le planning avant de faire quoi que ce soit.

Pas d’huîtres, pas de foie gras, pas de vin, pas de saumon, pas de… Droit à rien. J’ai failli aller me chercher un Happy Mil tellement je déprimais. Ils se sont tous gavés, pendant que je sirotais ma coupette de truc-à-bulle-sans-alcool.

Je vous parle des cadeaux ? Des trucs pour la Crevette. Tu m’entends Crevette ? Des trucs pour toi alors que t’es encore bien au chaud et que je suis sûre que t’aurais toi aussi préféré un toast au foie gras à un doudou informe. Hein oui ? Tu me comprends toi.

Chérichou m’a quand même acheté un sac à main… C’est mon talon d’Achille, les sacs. Mais il a trouvé de bon goût de préciser qu’il l’avait pris grand pour que j’y mette des couches. Sacrilège !

Mon père m’a offert ces bottes fourrées informes que les stars s’arrachent mais qui sont moches.

« Pour que t’arrives à les enfiler jusqu’au bout »…

Douteuse cette phrase, n’est ce pas ?

Ecrit par Cécile: retrouvez toutes ses aventures: http://lemaledemere.fr/cat/primijoli

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