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Parlons chiffres avant de parler de ressenti, pour accabler tout ce petit monde mais en y allant crescendo.

 

Une famille sur quatre (soit 2 millions de familles) est aujourd’hui une famille monoparentale, avec comme parent isolé, pour 18% seulement, le père qui assume cette charge.

Imaginez un candidat à l’élection présidentiel qui se pencherait, même juste un peu, sur le sujet, 2 MILLIONS de votes quasiment acquis d’office tellement ces familles se sentent laisser sur le trottoir.

Administrativement, professionnellement et socialement mises au banc de la société. Vous ne me croyez pas ? Allez, constat :

 

 

Administrativement donc.

Vous prenez l’avion pour ces vacances dont vous rêviez depuis longtemps, votre fille a déjà ses lunettes de soleil sur sa tête à l’arrivée à l’aéroport. Et bien lorsque vous êtes maman solo, il vous faudra emmener avec vous votre livret de famille, pour que le gentil douanier vérifie que le gnome accroché à votre cuisse est bien de vous (si, si, je vous jure, je l’ai senti passé, elle était bien à l’intérieur de moi celle-là) puisque vous n’avez plus le même nom de famille que votre enfant. Et parfois, certaines destinations vous demanderont l’autorisation du père. On frôle l’aliénation.

 

Vous auriez vous aussi aimé toucher la dernière prime énergie de l’état. Ah mais vous gagnez 2006€ par mois. Pas de chance… Mais vous êtes 2, 3 ou 4 à vivre sur ce salaire. Et ça, l’état s’en cogne, vous gagnez assez. Assez pour quoi en fait ? Pour nourrir des petits bouts (et on te l’a assez répété : des protéines, des légumes frais. Parce qu’en tant que parent solo, tu ne culpabilise pas assez, il faut faire BIEN. Mais faire bien selon qui ?)

Donc tu gagnes 2006€ par mois. Certains vont dire ohhhh la chance. Sauf que tu habites à côté de Paris, que tu as 3h de transport par jour, ou 40 min de voiture (le choix est vite fait) et que les horaires du centre de loisirs ne sont pas Work Friendly. Tu es celle ou celui qui arrive toujours à la bourre, avec un sourire gêné devant ces gens qui se demandent pourquoi tu as fait un gosse (oui moi aussi je me le demande parfois).

Je m’égare, je m’égare. Savez vous combien coûte la location d’un appartement de 60m2 dans la ville la plus pauvre de France (coucou le 9.3) avec 3 pièces. Oui on est parent solo mais on a besoin d’un peu d’espace et d’intimité. Je vous jure, même un peu plus que les autres parents. Et bien ça ne coûte pas moins de 1000€. Voilà, RIP la moitié de ton salaire.

Et là, tous les autres vont te dire : oui mais tu as pleiiiiiiinnnnn d’aide, l’Etat te gave. Sur cette somme, tu as droit à 14€ d’APL. La perspective du dossier de dingue à monter VS 14€ par mois. Gardez-les, vraiment je vais m’en passer.

 

Revenons sur la pandémie… Où tu étais seul(e) à faire le travail demandé par la maîtresse, ou tu n’as pas parlé à un autre adulte en présentiel (comme on dit maintenant) pendant des jours. Tu vas bien ? tu as toi aussi fait des stocks de pinard pendant que d’autres spéculaient sur le PQ ? tu as eu bien raison.

 

 

Professionnellement, attention on y va !

Revenons au confinement, quand ton chef t’a dit : bonnes vacances hein. Tu l’as maudit sur 15 générations en moins de 48h. Le télétravail était donc obligatoire pour toi. Et ça a pu précariser ta place qui était déjà un peu bancale dans la société. Et tu as été épuisé. Oui parce que pendant cette période encore plus que le reste du temps, tu as été (et tu es) le guichet unique, le point d’entrée obligatoire de toutes les demandes, de tous les sentiments, de tous les questionnements de ta progéniture. Tu as dû en plus de ton boulot, assurer l’école, tes journées n’en finissaient plus. Il y a eu dans la mythologie Sisyphe et sa pierre, au 21ème siècle, il y a toi et ton mioche. L’autre blaireau te disait donc « bonnes vacances »…

Tu as été visionnaire en remplissant ton caddie de vin.

Tu es celui ou celle pour qui le séminaire ou même juste la sortie du soir se transforme en casse-tête, parce qu’une soirée avec tes collègues te coûte facilement 40 balles, juste pour donner le change. On est de ceux à qui l’ont dit : mais tu n’es pas célibataire, tu es parent (c’est donc incompatible ?)

Tu n’es prioritaire ni pour une place en crèche, ni pour les vacances. Et quand sur ton téléphone s’affiche le numéro de l’école en pleine journée, ton cœur palpite : si tu ne réponds pas, ils se débrouillent ? Non, tu décroches. Et tu vas ensuite expliquer que la prunelle de tes yeux tousse un peu et que l’école ne le garde pas, tu te confonds en excuses, tu proposes de finir ta journée en télétravail mais on te regarde pourtant de travers. Pourtant, tu l’avais dit à l’embauche que tu étais parent solo. Ils ont fait ceux qui étaient hyper ouvert. Et puis ils ont oublié.

Selon que tu sois maman ou papa solo, le regard de tes collègues change. Les unes seront regardées avec mépris (qu’est ce qu’elle lui a fait pour qu’il se barre), les autres seront taxé de courageux avec qui sait le regard qui en dit long de Natacha qui voudrait bien te pécho.

 

 

Socialement. Sociaquoi ?

Tu as compris qu’une soirée te coûtait au minimum 40 balles. Alors c’est comme pour un bon film au cinéma, vu le prix de la séance, tu choisis bien ta sortie !

Tu es enfin sortie de la phase essorage de ta rupture et tu as envie de rencontrer la personne qui te fera de nouveau vibrer ? La première question à lui poser, très très glamour c’est : tu as les week-end pairs ou impairs ?

Si vous n’êtes pas calés pareil, et il y a peu de chances que vous le soyez, c’est cuit. Oublie. Ne lui demande même pas où il habite, ça ne mènera nulle part.

Tu as les mêmes week-ends ? tu kiffes l’improvisation des balades au dernier moment, « viens prends ton sac on s’casse » : il faudra être rentré avant 18h le lendemain, avoir fait les courses, le ménage, penser à tout, tout le temps et oublier de s’épiler.

Tu as des potes mecs, eux aussi séparés avec enfants ? Quand tu es solo, eux ne le sont pas et inversement. Sympa pour entretenir les amitiés.

 

Ta vie sociale est un parcours du combattant. Pourtant, malgré les tracas administratifs, pro, ta charge mentale tu avais vachement envie d’aller boire un verre en terrasse.

 

Celle-là, on en parle, de la charge mentale ? Tu occupes le podium, les 3 places sont pour toi, d’office. Quand ce mot était à la mode (remplacé depuis par Résilience, qui te fait ricaner pareil) et que tu lisais les nanas qui n’en pouvaient plus parce que monsieur ne ramassait pas sa chaussette, t’avais envie de lui mettre une baffe et de lui faire bouffer la chaussette de son Raymond.

 

T’aurai aimé voir apparaître ta situation dans un des programmes des candidats à la présidentielle. On est 2 MILLIONS les gars, c’est pas rien et on fait beaucoup. Alors oui, on est silencieux, on n’a pas le temps d’enfiler un gilet pour aller faire le tour des ronds-points, on a pas l’énergie pour se faire entendre parce qu’après nos journées marathon, on s’écroule. Mais on est là, on galère, on trime, on cherche un peu d’air, et p’t’être même un peu de soutien. Tout au moins de la reconnaissance.

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