Toc toc toc
Qui est là ?
Celle qui ne comprend pas ces parents d’ados qui braquent leurs professeurs, qui se tapent dessus avec des barres de fer. Sur toutes les chaînes, le ministre de l’Education Nationale, les syndicats de profs, la police, mais aucun parent s’insurgeant contre ces limites franchies sans discernement.
Sur les réseaux sociaux, de belles pépites, encore : la faute bien évidemment à l’Etat, les alloc’ qu’il ne faudrait plus leur verser, et même les familles monoparentales, qui travaillent bien trop et dont les employeurs devraient aménager le temps de travail.
Bah voyons !
Alors remettons les choses à leur place : non, une maman solo – et une maman tout court – parce que couple ne rime pas toujours avec implication, ne sacrifie pas l’éducation donnée à ses enfants sur l’autel d’une évolution professionnelle (pour une augmentation souvent risible). Elle s’adapte, trouve des solutions de garde qui lui permettent de TOUT concilier. Car là est la grande force maternelle : pouvoir TOUT concilier. Pouvoir ne voulant pas dire vouloir, c’est là que le bas blesse :
Le souci de ces faits divers dramatiques ? La FAMILLE. Les parents démissionnent, laissant dériver leurs enfants. Ce n’est pas une question d’alloc, de configuration de famille, d’éducation.
Juste une question d’implication dans l’éducation.
Parce que ces parents lisent « Education Nationale », ils déchargent toutes leurs responsabilités sur les épaules du système éducatif. Alors que son rôle est lui bien défini : Celui d’instruire, non pas d’éduquer.
Dans ces zones, ou je vis, l’école essaie pourtant de faire tout son possible. Mon fils, en cette semaine de centre de loisirs (vacances oblige… Ah oui, je travaille), a 3 sorties de prévues dans la semaine. Là ou il n’y en avait pas dans notre ancienne commune. Les professeurs sont là, veillent au grain, rappelant avec lassitude en début d’année que des tongs ne sont pas des chaussures adaptées à la saison qui approche, que l’heure, c’est l’heure et que les portes seront fermées en cas de retard. Voilà donc ou le problème se pose : des parents n’étant déjà pas capables de respecter des règles établies ne pourront que transmettre des valeurs erronées à leur progéniture.
Le problème culturel a aussi été évoqué : la plupart des couples (ou familles monoparentales) ont des enfants pour leur transmettre des valeurs, les aider à grandir, leur apprendre les limites et à gérer leurs frustrations. Mais pas tous les parents. On ne peut pas admettre que des parents qui laissent trainer leurs enfants dehors à pas d’heure, qui se laissent insulter ou malmener ont à souhait leur bien être. Non. La démission a eu lieu, il est difficile de se l’avouer, ou parfois plus facile de laisser s’envenimer des situations pour cause de fatigue que de prendre le temps de garder son rôle. Et je reprend inlassablement mon propre cas : à la réunion de rentrée, 28 élèves sont comptabilisés dans la classe de mon fils, 5 parents étaient présents, dont 3 accrochés à leur portable.
Il faut s’investir, les parents ! (ceux qui liront cet article ne sont pas ceux concernés et c’est bien dommage). On peut passer sa journée au boulot, avoir 3 heures de transport dans les pattes et passer du temps à discuter de la journée des enfants, les aider, les cadrer, les faire grandir, tout simplement.
Vous allez me dire que l’Education Nationale a son rôle à jouer ? Aussi.
Je prends l’exemple d’une maman (oups oups oups, famille monoparentale) dont le fils est entré en 6ème cette année. L’année dernière, il n’a pas eu d’enseignant pendant les ¾ de l’année. Résultat : de grosses lacunes et un décrochage que sa maman essaie de combler le soir, les week-ends. C’est la seule maman a avoir alerté l’établissement scolaire, et aucune mesure n’a été envisagée pour accompagner ces élèves qui vivent pourtant un moment charnière de leur scolarité.
Je reste néanmoins persuadée que l’implication des parents est en cause dans les dérives que l’on observe actuellement. Laissons de côté le coté social, environnemental et culturel. Etre parent, se comporter comme tel, ce rôle est universel. A nous de leur inculquer les valeurs et les limites pour qu’ils s’épanouissent dans notre société. Mieux, pour qu’ils la construisent.
Bonjour,
bel article qui pointe effectivement un problème bien réel et d’autant plus grave qu’il existe un réel déni dans ce domaine.
je voulais juste réagir à une partie de l’article. Celle concernant la présence / absence de certains parents à la réunion de rentrée scolaire. Et profiter de l’article pour partager mon expérience. Si tu le permets.
Cette année, je ne suis pas allée à la réunion de rentrée scolaire de l’école de ma fille. Je devrais donc sans doute me sentir coupable. Et pourtant, non. Participer à ce genre de réunion n’est pas gage d’implication dans la vie éducative de ses enfants. On peut très bien assister à une réunion de ce genre, donner le change durant quelques minutes et ne plus rien faire par la suite. Non, cette année, je n’ai participé à la réunion de rentrée scolaire de ma fille. Parce que mes enfants avaient besoin que je sois à la maison ce soir là, tout simplement. Ce soir là, je manifestais mieux mon implication, mon soucis de leur apporter la meilleure instruction et éducation possible en restant chez moi.
Non pas que je n’étais pas intéressée par le calendrier scolaire, par les projets que l’institutrice pouvait avoir en tête pour rendre son instruction plus intéressante ou par l’identité de ceux qui seraient parents d’élèves ou tout autre chose que l’on aborde au cours de ces réunions. C’est simplement que, en tant que mère, j’avais décidé de faire confiance aux autres parents d’élèves et à la maitresse pour gérer ces choses là, afin de mieux être présente auprès de mes enfants. Parce que des décisions concernant la vie éducative et instructive de mes enfants, j’en prends déjà assez souvent – et ce n’est pas toujours facile – et ces décisions là, je voulais les laisser à d’autre. Et ce d’autant plus que, au final, aller assister à une réunion de rentrée scolaire pour s’entendre dire : voilà, on fera ceci et cela, lever la main pour dire qu’on est d’accord (je n’ai jamais vu personne s’opposer aux décisions déjà virtuellement prises), je n’en voyais pas l’intérêt. Par contre, rester auprès de mes enfants pour aider mon fils autiste à lâcher sa tablette au moment de manger (regarder des vidéos concernant les jeux vidéos, c’est son activité dite “restreinte”.), écouter ma fille me raconter comment s’est déroulé sa journée et aider mon mari à coucher tout ce petit monde (le rituel du coucher de mon fils implique que je sois là pour lui chanter une chanson) m’a semblé être une bien meilleure idée et j’ai eu le sentiment d’être ainsi plus impliquée que si j’avais été simplement faire acte de présence à cette réunion au cours de laquelle, de toute façon, on ne fait pas grand chose à part écouter, hocher de la tête de temps en temps et regarder sa montre distraitement en se demandant combien de temps, encore, ça va durer.
Par contre, il n’y a pas de doute, je serai belle et bien présente pour la rencontre maitresse-parent ! 😉
Merci à toi pour ton témoignage! Effectivement, des choix s’imposent à nous en tant que parent!
Merci pour ce bel article. Mes grands sont entrés en maternelle cette année, j’ai discuté avec des mamans et papas devant le portail. “Heureusement qu il entre à l’école hein, j’y arrivais plus la, il faisait n importe quoi !”
Voilà! échappatoire que devient l’école m’insupporte!
Merci pour cet article. Mon ami et moi nous sentons moins seul.
Il arrive un moment où l’on regarde autour de nous et nous nous demandons si finalement, ce n’est pas nous qui sommes inadapté au monde actuel.
Nous essayons de donner des valeurs à nos enfants, nous privilégions les jeux en plein air et de société plutôt que les écrans car cela est a mon avis plus adapté à leur âge et mettre mon enfant devant un écran pour avoir “la paix” n’est pas imaginable… Résultat : un décalage évident…
A croire que nous ne sommes plus qu’une minorité à éduquer nos enfants…
Quand je vois que des parents, dans la classe de mon fils, ont préféré changer leur enfant d’école car il trouvait le professeur etait trop sévère plutôt que de se remettre en question, je me demande ce que sera la génération futur.
J’ai peur.
Madame, l’ enseignant que je suis vous remercie infiniment pour ce discours qui a enfin le courage de dénoncer cette déresponsabilisation des parents. L’école n’est certes pas infaillible mais si les parents abandonnent leur rôle, nous ne pourrons rien réaliser. Je suis personnellement fatigué qu’aucun commentateur ne pointe ce fait essentiel dans les problèmes que rencontre aujourd’hui l’Education nationale mais il est vrai que les parents d’élèves sont des électeurs qu’il faut ménager. Encore merci.
Tout est dit malheureusement.
Ce constat est hélas un peu trop simple, si ce n’est simpliste.
On ne peut pas se limiter à dénoncer la démission de tel ou tel parent, de telle ou telle famille.
Ce ne sont pas des sommes de problèmes isolés. C’est un problème global, systémique.
La vraie question est : qu’est ce qui fait que ça en arrive là ? Quel lien uni tous ces problèmes ?
Le problème derrière tout ceci est la misère sociale. On fabrique ces familles démissionnaires, au niveau politique. Dans certains quartiers, le taux de chômage atteint 20, 30%, et chez les jeunes, jusqu’à 60 ou 70%.
Si on veut des parents plus investis dans l’avenir scolaire de leurs enfants, il faudrait déjà qu’ils puissent en avoir les moyens, le temps, l’énergie. Et il faudrait aussi que l’école puisse encore servir d’ascenseur social, ce qu’elle ne fait plus depuis longtemps : elle reproduit le schéma familial, voire l’amplifie.
Si on veut lutter contre ces dérives, il faut investir, et opter par exemple pour une véritable politique de réduction du chômage et de la misère. Ça demande de l’argent, et pas placé n’importe où pour complaire à ceux qui en ont déjà beaucoup (trop).
Eux s’en fichent, leurs enfants vont dans le privé : ils ont les moyens.
Ça veut dire aussi moins d’effectif dans les zones défavorisées, plus de profs par élève.
Oui, tout ceci a un coût. Mais c’est un coût qui profiterait à tout le monde.
Savez vous quels sont les effectifs dans les zones défavorisées? moi oui… j’habite dans une cité scolaire, dans une des villes les plus pauvres de France, et les moyens sont bien là!